CG45 Rapport de l’Église Unie du Canada et de la Banque canadienne de grains pour l'été 2025

Source : secrétaire général 

Contexte mondial

L’insécurité alimentaire est, à ce jour, l’un des enjeux mondiaux les plus urgents et elle nuit profondément à la santé, à l’éducation et au développement économique. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, en 2024, 304 millions de personnes ont fait face à une insécurité alimentaire aiguë, et le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde s’élevait à 783 millions, soit 122 millions de plus qu’avant la pandémie de COVID-19. Les principales causes sont les conflits, les catastrophes liées au climat (comme El Niño et La Niña) et les chocs économiques comme les sanctions et l’inflation galopante. Ces facteurs se sont intensifiés, en particulier dans les pays déjà vulnérables en raison de conflits qui persistent et de catastrophes naturelles en série.

Or on constate, dans plusieurs pays, une résurgence du nationalisme et un recul des engagements en matière d’aide internationale, notamment les importantes compressions à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Ces coupes ont fragilisé la lutte internationale contre la faim et mettent en relief l’importance de la coopération œcuménique et multisectorielle.
 

La mission et la démarche de la Banque canadienne de grains

La Banque canadienne de grains (BCG) est une association de 15 Églises et organismes confessionnels canadiens, dont l’Église Unie du Canada, qui luttent, ensemble, contre la faim dans le monde. La BCG a trois axes d’intervention :

• aide alimentaire d’urgence en situation de crise;
• développement à long terme au moyen de l’agriculture durable et des moyens de subsistance;
• travail de sensibilisation et de mobilisation publique pour éliminer les causes profondes de la faim et influencer les politiques.

Cette stratégie à trois volets est ancrée dans la justice, les droits de la personne et le principe d’accompagnement mutuel radical, des valeurs énoncées dans la vision stratégique et les cadres de l’Église Unie comme Mending the World et Towards Food Sovereignty for All.

Réalisations et retombées clés (2023-2025)

Portée et résultats

• La BCG est venue en aide à 974 683 personnes dans 35 pays en 2023-2024.
• Elle a fourni une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence à des populations touchées par des conflits, des catastrophes liées au climat et l’instabilité économique.
• Elle a favorisé le développement à long terme au moyen de l’agriculture durable, du rétablissement des moyens de subsistance et de la résilience communautaire.
• Ses programmes de nutrition ont ciblé les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.

Partenariats stratégiques et financement

• La BCG a disposé d’une subvention triennale de 75 millions de dollars du gouvernement du Canada pour offrir une aide alimentaire dans les régions névralgiques menacées par la faim.
• Elle a obtenu une subvention « Nature+ » de 35,5 millions pour la restauration des paysages et les systèmes alimentaires en Éthiopie, au Kenya, au Mozambique et au Zimbabwe (ciblant 75 000 personnes vivant en région rurale).
• Grâce à des subventions importantes, elle a mené des programmes de secours en cas de sécheresse et d’aide humanitaire dans la Corne de l’Afrique, venant en aide à 138 000 personnes dans huit pays.
• Elle a collaboré avec la Coalition humanitaire et a ainsi reçu 4,4 millions en fonds supplémentaires pour des interventions d’urgence en Afrique orientale et à Gaza, ainsi que des interventions après le tremblement de terre ayant touché la Türkiye et la Syrie.
   

Programmes en réseau

La BCG a adopté une démarche « en réseau » qui allie aide d’urgence, développement à long terme et soutien nutritionnel pour s’attaquer au caractère cyclique et imbriqué de la faim. En 2023-2024, elle a ainsi pu venir en aide à 117 634 personnes dans 10 pays.

Rôle distinct de l’Église Unie

L’Église Unie du Canada, membre fondateur de la BCG, apporte une perspective unique qui repose sur la justice, l’égalité des genres et un partenariat en faveur de la décolonisation. Cet engagement est exprimé dans le plan stratégique 2022-2025 de l’Église Unie et met l’accent sur les objectifs suivants :

• accroître l’engagement mutuel et l’action de sensibilisation auprès des partenaires;
• inviter l’Église dans son ensemble à participer à la quête de justice;
• faciliter une collaboration responsable favorisant la décolonisation avec les partenaires mondiaux.

Faits marquants des programmes et implication mondiale

Programmes et partenariats directs

L’Église Unie offre de l’accompagnement à ses partenaires mondiaux, comme le National Council of Churches of Kenya et le Zimbabwe Council of Churches, dans le cadre de quatre projets phares :

• Agriculture de conservation au Kenya : 4 875 ménages (19 500 personnes) ont suivi une formation sur l’agriculture durable (2023 à 2027, budget de 2,91 M$).
• Adaptation aux changements climatiques au Kenya : 3 200 ménages (11 200 personnes) ont été initiés à des moyens de subsistance résistants au climat et à la gestion de la biodiversité (2024 à 2026, budget de 2,47 M$).
• Résilience au Zimbabwe : 1 376 ménages (6 880 personnes) ont reçu du soutien pour la gestion des risques liés aux catastrophes, l’agriculture sensible au genre et le renforcement des actifs communautaires (2025 à 2027, budget de 1,5 M$).
• Assistance alimentaire d’urgence au Zimbabwe : 2 400 ménages (12 000 personnes) affectés par la sécheresse et El Niño ont reçu des denrées alimentaires (2025, budget de 1,28 M$).

Collaboration accrue et partage de ressources

L’Église Unie a fourni 846 000 $ en capitaux propres et 250 000 $ en allocations en 2024-2025. Elle a ainsi soutenu 27 projets dans 17 pays et collaboré avec sept membres de la BCG. Ces fonds ont notamment servi à intervenir dans des situations de crise sous-financées en Afghanistan, en République démocratique du Congo, à Gaza, au Soudan, au Soudan du Sud, au Yémen, en Haïti, en Syrie et au Liban.

Développement des capacités et apprentissage

• Programme de développement des capacités en matière d’agriculture et de moyens de subsistance : renforcement des capacités des partenaires en agriculture de conservation, en ajout de valeur et en programmes d’épargne, ce qui a favorisé l’apprentissage et la mise en commun du savoir au Soudan du Sud.
• Visites de conscientisation : chaque année, des membres de l’Église Unie ont l’occasion de découvrir, sur le terrain, les projets de la BCG à l’international, ce qui accroît la compréhension et la mobilisation (p. ex. délégation de 2025 au Zimbabwe).

Action de sensibilisation et leadership

• Hunger on the Hill (Luttons contre la faim sur la Colline) : initiative à laquelle participent des Canadiens et Canadiennes, dont des jeunes et des jeunes adultes, et des décideurs et décideuses politiques pour accroître la sensibilisation et le leadership relativement à la sécurité alimentaire et à la justice climatique.
• Gouvernance : du personnel et d’autres membres de l’Église Unie siègent au conseil d’administration et au conseil des membres de la BCG et contribuent à en dicter l’orientation stratégique et à en assurer l’intendance.

Résumé et perspectives

Dans un monde où se multiplient sans cesse les politiques protectionnistes et les menaces à la justice, la Banque canadienne de grains, avec le leadership et la contribution de l’Église Unie, met en évidence le pouvoir de la collaboration œcuménique. Elle a un effet tangible dans la lutte contre la faim grâce à l’aide directe, au développement durable, aux actions de sensibilisation et au renforcement des capacités. Son engagement en faveur de la justice, du partenariat et de l’innovation reste essentiel pour répondre à l’évolution des défis et des possibilités dans la lutte contre la faim.