Le pasteur Samuel V. Dansokho, candidat au poste de Modérateur URL de la vidéo Il/luiPasteur, nommé par conseil régional Nakonha:ka Le pasteur Samuel V. Dansokho Credit: Le pasteur Samuel V. Dansokho Je suis né à Saint-Louis, au Sénégal, une ville qui borde le fleuve Sénégal, l’océan Atlantique et le désert du Sahara. Cette ville pourrait disparaître un jour en raison de deux grandes menaces, la désertification et l’érosion. Les enjeux environnementaux y sont une question de vie ou de mort.Dans le village de Kelle, où j’ai grandi, même si ma famille était l’une des deux seules familles chrétiennes, nous jouissions de relations amicales et chaleureuses avec les autres membres de la communauté.Après avoir reçu un diplôme de l’université des sciences humaines de Strasbourg, en France, j’ai été ordonné et je suis devenu pasteur de l’Église protestante du Sénégal. Neuf ans plus tard, je me suis installé à Chicago, où j’ai obtenu mon doctorat, puis j’ai enseigné en Caroline du Nord au Hood Theological Seminary, un séminaire de cycle supérieur de l’AMEZ (Église épiscopale méthodiste africaine de Sion). Après onze années d’enseignement, j’ai quitté le monde universitaire pour renouer avec ma première vocation. Je suis devenu pasteur de l’Église Unie Saint-Pierre et Pinguet, dans la ville de Québec, avant d’être appelé pour servir au sein de l’Église Unie Plymouth-Trinity à Sherbrooke, au Québec, où j’exerce un ministère depuis maintenant près de onze ans.Mes pérégrinations sur trois continents et mon expérience de citoyen d’un pays qui a subi la colonisation pendant longtemps m’ont exposé à l’injustice et aux méfaits du néocolonialisme, du racisme et de l’exploitation sans scrupule de la création et de ses enfants… de même qu’à l’infime degré de séparation qui existe entre les peuples : nous sommes Un. Durant mon parcours, j’ai été pasteur dans différents pays et au sein de différentes paroisses.Dès le début de mon cheminement avec l’Église Unie du Canada, j’ai siégé aux comités exécutifs du Consistoire Laurentien et du Consistoire du Québec. J’ai aussi servi au sein du Synode Montréal et Ottawa et de l’exécutif du Conseil régional Nakonha:ka. Je termine en ce moment mon second mandat au sein de l’exécutif du Conseil général.Si je suis élu modérateur, je mettrai à profit mon expérience internationale et multiculturelle pour entreprendre pendant trois ans une grande conversation à plusieurs niveaux sous l’arbre à palabres.La route continue…Appel et visionNotes autobiographiques en tant que document vivant et en évolution J'écris ces quelques lignes comme un hymne d'action de grâce et de reconnaissance. En effet, comment ne pas louer Dieu lorsque je considère ce que mon parcours de vie: ce qu'il est, a été et est en train de devenir? C'est un privilège tout particulier que de pouvoir, en toute intégrité, offrir mes expériences, éducation, dons et compétences pour, ensemble, évaluer et comprendre, changer et réconcilier, envisager et embrasser la vision d'un à-venir commun. Nous sommes appelé.es à oser nous ouvrir à une vision d'un futur meilleur et plein d'espoir tout en gardant les yeux grands ouverts sur les réalités qui nous entourent. Nous pouvons y arriver en puisant dans la spiritualité profonde de disciples audacieux, artisans d'une paix juste et équitable. Mes pérégrinations dans trois continents (Afrique, Europe et Amériques) et mon expérience d'enfant du Sénégal, pays colonisé pendant plus de quatre siècles, m'ont rendu particulièrement sensible à l'injustice en général, et plus particulièrement aux méfaits du néocolonialisme, du racisme et de l'exploitation éhontée de Mère Nature et de ses enfants. Etre chrétien, et plus précisément protestant, au Sénégal, j'ai grandi au sein d'une minorité religieuse dans un pays où plus de 90 % de la population était musulmane. C'est dire que j'ai beaucoup appris de l'islam de manière empirique et ai appris à l'apprécier comme une manière de vivre pragmatique prônant la paix, la solidarité, l'équité, la compassion et la justice sociale, tout en manifestant des signes d'homophobie et de phallocratie, à l'instar de certains cercles chrétiens conservateurs. L'enjeu est de réussir à vivre ensemble en acceptant la diversité au-delà des considérations habituelles de couleur, de classe sociale ou d'orientation sexuelle. Dans ma communauté de foi actuelle, le grand âge des membres fondateurs ainsi que le déclin des ressources financières sont une source d'angoisse. Une société qui tend à restreindre la place du religieux dans l'espace publique sous prétexte de laïcité est également une préoccupation grandissante. Il y a cependant des raisons d'espérer et de ne pas verser dans le marasme. L'apport de nouvelles familles venues en grande partie de l'émigration est un facteur de renouvellement et j'espère pouvoir inculquer l'audace de quelqu'un qui croit fermement que la résurrection rend possible le triomphe du bien sur le mal, de la justice sur l'injustice, de l'amour et la réconciliation sur la haine. Il n'est pas acceptable d'accepter le désespoir comme une fatalité. Apprenant de l'ingéniosité et de la joie de vivre de frères et soeurs venant d'endroits défavorisés, nous pouvons tirer le meilleur parti du peu de ce que nous avons, aussi minime soit-il. la sagesse africaine du Ubuntu nous apprend que "je suis parce que nous sommes ; nous sommes parce que je suis" et l'Evangile nous démontre que nous nous enrichissons par ce que nous partageons et nous appauvrissons par ce que nous essayons de conserver égoïstement à notre seul profit. L’Eglise Unie du Canada, notre dénomination ecclésiale, professe sa volonté d’être anticoloniale, anti-raciste, interculturelle, équitable et réconciliée avec les Premières Nations. Cette réconciliation sera le fruit d’un long processus allant de la reconnaissance de notre complicité dans la colonisation, l’aliénation et le génocide commis à leur égard, à la présentation d’excuses sincères et actualisées ainsi que les réparations pour les torts subis dans le passé et perpétués encore aujourd’hui. Nous avons également déclaré que nous voulions devenir une Eglise de disciples avec une spiritualité profonde, un témoignage vivant et une pratique hardie de la justice. Pour nous y aider nous nous sommes donnés des outils tels que les sept principes de base en matière de justice ainsi qu’un plan stratégique multidimensionnel en cinq points (croissance, environnement, réconciliation, leadership, ressources) qui s'entrecroisent et fertilisent mutuellement. Comment ne pas te louer, Seigneur?